« Les Fables de la Foutaise » nous invitent dans un univers féerique où se croisent des personnages foutraques et fantasques : des indiens débauchés, des nains pervers, des cow-boys à la sexualité débridée, des aliénés coprophages, des pompistes allemands exilés et déprimés… Des fables drôles, cyniques, désabusées, sincères, qui racontent des histoires banales, quotidiennes ou au contraire improbables, étranges. Comme un journal télévisé de treize heures. Ces « chansons-faits divers », toujours en mouvement, rebondissent sur les émotions contradictoires, la joie, la peur, la folie, le dégoût, la tristesse, la nostalgie, le mal-être, l’étonnement, l’absurde, etc.
L’univers musical a gardé la folie et la fraîcheur du premier album et construit les décors faussement féeriques de ces fables contemporaines à grands coups de riffs de guitare acérés, de beat hip-hop, de samples schizoïdes et de valses apocalyptiques et décadentes. Loin de se reposer dans un style musical établi, les Zetla repoussent à chaque composition les limites des genres. La musique ambiante vire vers le Hardcore, le punk croise la chanson française paillarde, le métal accueille le Ragga et le slam, le blues fusionne avec le reggae et le hip-hop.
C’est qu’en bondissant allègrement hors des dogmes du ska-rock festif de leurs débuts, ils ont assemblé un puzzle où les courants musicaux « alternatifs » de ces dernières années s’entrechoquent comme les atomes d’un accélérateur de particules. Un véritable capharnaüm, entre les influences locales (Carc[H]arias dont le chanteur Flo[w], déjà présent sur le premier autoproduit, revient sur l’album, Shout, Spicy Box voire Lo’Jo), la chanson alternative alliée au guinguette ou au traditionnel d’Europe Centrale (Pigalle, Ogres de Barback, Hurlements D’Léo, Rageous Gratoons), le phrasé hip-hop/ragga (Assassin et Cypress Hill ou Sergent Garcia pour les parties en espagnol), le punk-fusion (lignée Raymonde & les Blancs-Becs), le ska, bien entendu, sans oublier une volée de bidouilles électroniques minimalistes. Cette mosaïque à priori disparate devient une musique fofolle-furieuse, métissée et puissante : rythmiques sautillantes, breaks de guitares tous riffs dehors, ligne de cuivres mélodique et nerveuse. Ajoutez à la sauce un flot de textes tortueux, drôles ou glauques, portés par de petites ritournelles insidieuses alternées avec l’affrontement de deux tchatcheurs en rafales toastées.